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Date de création : 15.01.2018
Dernière mise à jour : 18.04.2024
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Sommaire de la lettre à Ngô Kha

Sommaire de la lettre à Ngô Kha

 

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Autour de la lettre à Ngô Kha

 

 

En 2004, le journal « Báo Thơ » publie une lettre attribuée à Trịnh Công Sơn et adressée à Sơn beau-frère Ngô kha, le mari de sa sœur Trịnh Vĩnh Thủy. Dans cette lettre, datée de 1974, soit un an avant la chute de Saigon, et probablement un an après l’exécution de Ngô Kha dans les prisons du Sud-Vietnam, Sơn se livre à une véritable et étonnante profession de foi communiste. Cette « confession » tardive provoque la stupeur de Thái Ngọc San, ami (communiste) de Trịnh Công Sơn et compagnon de lutte de Ngô Kha au sein du Front National de Libération, qui doute que Trịnh Công Sơn ait pu écrire une telle lettre, voire de l’existence même de cette lettre. Dans un premier temps, il apostrophe le poète Nguyễn Trọng Tạo qui a produit cette lettre, et devant l’embarras de ce dernier, il en appelle à Nguyễn Đắc Xuân, autre connaissance (communiste) de Trịnh Công Sơn et autre compagnon d’arme de Ngô Kha. À noter que pour l’instant tous les protagonistes de la polémique qui débute sont communistes. Thái Ngọc San et Nguyễn Đắc Xuân seraient de ceux qui ont tenté de modérer la hargne des autorités communistes après 1975, lesquelles  reprochaient à Trịnh Công Sơn le caractère pacifiste des chansons de Trịnh Công Sơn avant 1975, et le fait qu’il ait considéré la guerre du Vietnam avant tout comme une guerre civile. Après s'être détournés de lui alors que sa vie ne tenait qu'à un fil au lendemain de la prise de pouvoir par les communiste, ils seraient parvenus, selon certains témoignages à soulager sa condition, et lui auraient permis de retrouver son permis de résidence et l’autorisation de revenir à Saigon. Mais compte-tenu du caractère opportuniste de Son, certes talentueux mais qui ne mérite pas pour autant d'être considéré comme un héros, il ne serait pas étonnant que ce soit grâce à de nouveaux "protecteurs" que Son se serait fait, protecteurs dont il n'a jamais manqué sous la République du Vietnam.

Mais revenons à notre « Lettre attribuée à… »

De fait, Thái Ngọc San et Nguyễn Đắc Xuân (ce dernier étant considéré comme l'un des principaux responsables des charniers de Huê lors de l'offensive du Têt 68) vont remonter jusqu’à la source de la lettre, tout d’abord à sa reproduction dans un livre de Lê Minh Quốc, « Trịnh Công Sơn, tombent les larmes pour te bercer », œuvre de commande à la demande de l’édition des Femmes, le titre renvoyant à l’une des chansons de Trịnh Công Sơn. Et ensuite jusqu’à une revue ronéotypée "pirate", « Đứng Dậy » (Debout) qui l’aurait publié en 1974. Lê Minh Quốc est beaucoup plus jeune que Son, il n'est qu'un adolescent lors de la chute de Saigon, et ce serait beaucoup s'avancer que de le considérer comme un de ses amis, il n'est même pas certain qu'il l'ait rencontré avant 1975. On apprendra plus tard que l’original de cette lettre se trouve à Huê entre les mains d’un ami proche de Trịnh Công Sơn, Bửu Ý (francophile, lui aussi anti-guerre, non communiste, donc on n'a plus aucune raison de douter aujourd'hui de l'existence de cette lettre). Pour l'heure, le seul à qui l’authenticité de cette lettre ne semble pas avoir posé de problème est Lê Minh Quôc, les autres continuant d’afficher leur doute et leur scepticisme, peut-être pour se racheter de leur lâcheté vis-à-vis de Son au lendemain du 30 avril 1975. Le témoignage du poète Đong Trình, recueilli par son fils Nguyễn Hữu Hồng Minh, prétend prouver que Trịnh Công Sơn a subi des pressions pour écrire, voire même écrire sous la dictée cette fameuse lettre, mais j'ai des doutes sur l'authenticité de ce témoignage compte tenu des autres témoins, en particulier Dang Van Au, Trinh Cung et Nguyên Mâu. Đong Trình, toujours selon Nguyễn Hữu Hồng Minh, affirme que Trịnh Công Sơn a échappé de peu en 1974 à son élimination par les communistes qui doutaient de pouvoir le contrôler. Cela est très possible, et attesté par tous les protagonistes de cette polémique qui tous témoignent que les communistes ne considéraient pas Son comme fiable et pensaient qu'il serait quasi impossible à manoeuvrer, voire même inutile comme potiche. L’ami de Sơn, le peintre Trịnh Cung, dans un témoignage poignant atteste quant à lui que Sơn a bien échappé de peu à son exécution après la prise du pouvoir des communistes en 1975. D'autres sources sembleraient attester qu'il aurait dû aussi être exécuté en 1968, lors de l'offensive du Têt.

A ma connaissance Son n'a jamais connu de telles menaces venant des nationalistes anticommunistes qui se sont succédés au pouvoir avant 1975 : « Comme beaucoup d'autres jeunes Viêtnamiens qui aimaient la musique de Trinh Công Son, j'appartiens à sa musique en raison des paroles qu’il a écrites, des mots qui tournoyaient dans nos jeunes esprits dans ce pays paradoxal. La musique de Trinh Công Son nous est parvenue par le biais des médias, des écoles, des cafés et surtout grâce à une politique culturelle et d’information non censurée et rigoureuse dans le sud du Viêtnam de l'époque (...) Si Trinh Công Son n’avait pas vécu dans le Sud, alors « Kinh Việt Nam » (Prières pour le Viêtnam), « Ca khúc da vàng » (Le chant des jaunes), « Ta phải thấy mặt trời » (Je dois voir le soleil), « Thần thoại quê hương – tình yêu và thân phận » (La patrie mythique – amour et destin, un livre de Trinh Công Son)  et les enregistrements des « chants pour la patrie Vietnam » avec la voix de Khanh Ly n’auraient pas vu le jour, et le talent de Trinh Công Son s’il avait échoué sou le régime du Nord, aurait subi le même sort que celui de Van Cao ou de Trần Dần (...) L’héritage musical de Trinh Cong Son, en particulier les chansons pour la paix au Vietnam sont les chansons qui ont fait connaître le nom de Trinh Cong Son, et non ses chansons d'amour, elles sont une bonne raison de continuer à les chanter, de continuer à l’honorer afin de se souvenir d’une société relativement libre et humaine, dans laquelle ces paroles sont nées ». (Bùi Văn Phú)

Je comprends que cela peut surprendre ceux qui comme moi ont longtemps considéré le Sud-Vietnam comme une dictature inféodée au USA, mais il est indéniable que Son a toujours été protégé par de hauts gradés de l'armée de la république du Vietnam, hommes cultivés et formés par les Français.

Que l'on imagine seulement que les chansons anti-guerre ont été chantées dans un local mis à sa disposition par l'armée de l'air, le club « Mây Bốn Phương », et la femme de Nguyên Cao Ky cuisinant pour Son et pour Khánh Ly !


Dans le témoignage de Nguyễn Phúc Liên Thành, ancien responsable de la police de Huê, réfugié aux Etats-Unis, on sent beaucoup de ressentiment à l'égard de Son, mais il demeure révélateur de l'état d'esprit d'une partie des réfugiés vietnamiens aux Etats-Unis, et plus je découvre d'autres documents plus je tends à accepter des pans entiers du dossier à charge qu'il a dressé contre Son. Je le trouve cependant injuste envers le major Dang Van Au, le peintre Trinh Cung et le colonel Nguyên Mâu
.

Je crois qu'il appartient à chacun de comparer tous les témoignages que j'ai pu recueillir et traduire concernant cette lettre pour se faire sa propre opinion à ce sujet. C'est ce à quoi je continue de m'employer.

Au point où j'en suis de mes recherches et de ma réflexion, il m'apparaît clairement que Son a bien écrit la lettre à Ngô Kha. Non pas parce qu'il craignait pour sa vie, vu la haine qu'il provoquait chez les ultras réfugiés aux USA : il aurait pu tout aussi bien venir en France ou au Canada. Mais sa raison de vivre sombrait avec la république du Vietnam, en exil ou au pays il cessait d'être l'idole adulé par la jeunesse étudiante vietnamienne. En 1974, conscient de la victoire inéluctable des communistes du fait du retrait américain, mais surtout de par le fait que les Etats-Unis cessaient de livrer des armes au Sud alors que le camp communiste continuait d'en fournir au Nord, et alors que le Nord ne respectait pas plus les frontières du Laos et du Cambodge qu'il ne l'avait fait avant les accords de Paris, conscient donc de cette victoire, Son, l'opportuniste, a fait un calcul politique sordide qui a bien failli lui coûter la vie et qui a compromis sa carrière artistique (il n'a plus rien publié de majeur, à deux ou trois exceptions près), tout en altérant gravement son image auprès de tous ceux qui l'aimaient. Que l'on songe encore que la chanson que la plupart des vietnamiens nostalgiques de l'avant 75, et ils sont nombreux pour qui l'Histoire s'est arrêtée ce jour-là,  cette chanson donc que ces Vietnamiens ne pardonnent pas à Son d'avoir chanté à la radio pour saluer l'entrée des troupes dans Saigon le 30 avril 75, « Nối Vòng Tay Lớn » (Formons une grande ronde)a été écrite dix ans plus tôt pour rallier les Viêt Công à la république du Vietnam !

 

En résumé, après une brève période nationale-pacifiste, et une autre nationale-révolutionnaire dont j'ai déjà parlées sur ce blog, avant, pendant et peu après l'offensive du Têt 68, l'oeuvre musicale de Trinh s'apparente à "la poésie de désespoir", formule devenue classique, avant qu'il ne se renie en 1974 pour parier sa vie sur la victoire des communistes. Dès lors il ne sera plus jamais l'idole qu'il fût du temps de la république du Viêtnam, et il restera dans le coeur des Vietnamiens comme une meurtrissure, toujours sensibles à son génie et incapables de lui pardonner sa trahison.

 

Voici  un nouveau témoignage du major Đặng văn Âu, de l'armée de l'air de la République du Viêtnam, déjà cité, qui éclaire d'un jour nouveau l'opportunisme et le cynisme de Son : 

- « En 1974, un groupe appelant à la paix invita Son à rejoindre le mouvement pour chanter et mettre fin à la guerre. Ses amis lui conseillèrent de ne pas accepter, et Son leur répondit brusquement :

- « Je dois les rejoindre. S'ils gagnent, alors je pourrais parler. »

 

Ma conviction est que le Vietnam d’avant 1975 a eu la chance d’avoir d’authentiques démocrates, et des opportunistes et des profiteurs, des deux côtés, du côté des nationalistes favorables à un régime libéral, y compris des militaires, et du côté de pacifistes qui se sont laissés séduire un temps par le FNL au point de collaborer parfois avec eux, ou qui, simplement lassés par une guerre interminable qui devait nécessairement finir par la victoire d'un des deux camps, le plus vraisemblablement par le camp communiste, ont choisi ce dernier avant d'alimenter ses camps de rééducation ; chance, disais-je, que ce pauvre pays a laissé passer. A cause du contexte historique et géo-stratégique dont j'ai déjà parlé (1300 kilomètres de frontières terrestres communes avec la Chine, sanctuaires Viêt Công au Laos et au Cambodge et frontières de ces pays non-respectés par le Nord, non-respect unilatéral par le Nord des accords, trêves et traités par le Nord, aptitude et aplomb sidérant aujourd'hui à proférer les mensonges les plus énormes, à se rendre sympathique aux yeux de l'opinion publique internationale, à rendre antipathique l'adversaire, qui faisait par ailleurs des efforts en ce sens ; et enfin risque de déflagration mondiale avec la Chine en cas d'intervention terrestre) le contexte historique et géo-stratégique, disais-je, rendait ce gâchis inévitable.

Toujours est-il que ces démocrates des deux camps, parmi ceux qui n’ont pas pu partir avant le 30 avril 1975, l’ont payé cher. Quelquefois au prix de leur vie et, je viens de le dire, par plusieurs années de camp de rééducation pour ceux qui y ont survécu.

 

Pour finir, une digression : dans le conteste d'aujourd'hui et dans une situation comparable à celle de l'époque, je pense que, à la demande des autorités Sud-Vietnamiennes, l'ONU (soutenus par les droits-de-l'hommisme d'aujourd'hui, hier maoïstes), demanderait aux nations régionales et à toutes les grandes nations des cinq continents d'intervenir. Les anciens maoïstes français convertis à la social-démocratie, puis au libéralisme macronien seraient les premiers à réclamer cette intervention. On n'attendrait pas  40 ans pour reconnaître des charniers comme ceux de Huê lors du Têt de 68. Et les Etats-Unis ne mèneraient sans doute pas la guerre de cochons qu'ils ont mené alors !

Est-ce à dire que l'Histoire n'avance qu'au gré de la reconnaissance des crimes, des erreurs et des aveuglements d'hier ?

 

Lettre de Trịnh Công Sơn à Ngô Kha, authentique ou pas ? par Thái Ngọc San

 

 

 - La vérité sur la lettre à Ngô Kha, contribution de Nguyễn Đắc Xuân 

 

 

La vérité sur la lettre à Ngô Kha, contribution de Lê Minh Quôc

 

 

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