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Date de création : 15.01.2018
Dernière mise à jour : 18.04.2024
279 articles


Une philosophie Soft dans les chansons de Trịnh Công Sơn

Une philosophie Soft dans les chansons de Trịnh Công Sơn

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Death, Buddhism, and Existentialism in the Songs of Trinh Công Sơn, par John C. Schafer

 

"La philosophie soft" de Trịnh Công Sơn, in "Death, boddhism and existentialism in the songs of trịnh Công Sơn, de John C. Shafer, traduit de l'anglais par Jean-Claude RENOUX

 

 

"La philosophie soft" de Trịnh Công Sơn,

 

J'ai enseigné l'anglais au Vietnam du Sud pendant la guerre et je suis devenu un fan du chanteur et compositeur Trịnh Công Sơn. Dans les villes du sud, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, tout le monde, mais surtout les étudiants, écoutaient ses chansons et les chantaient eux-mêmes: "Gia tài của mẹ", "Tình ca của người mất trí" (Chanson d'amour d'une démente), et "Đại bác ru đêm" (Les canons bercent la nuit). Ces chansons étaient les hymnes des jeunes que j'ai connus pendant la guerre, exprimant leur désir de paix et leur amour pour leur pays natal (quê hương).

 

Trịnh Công Sơn est resté au Vietnam après 1975 et a continué à écrire des chansons. Les autorités communistes se méfiaient de lui : ils n'aimaient pas le fait qu'il s'opposait à toute guerre, y compris à leur guerre révolutionnaire. Ses chansons anti-guerre ne peuvent toujours pas être légalement jouées ou distribuées au Vietnam. J'étais au Vietnam quand il est mort le 1er avril 2001, et après avoir été témoin de l'énorme effusion d'amour pour ce chanteur et du chagrin causé par son décès, je commençais à considérer les raisons de son extraordinaire popularité. J'examine ces raisons ailleurs. Dans cet article, je me concentre plus étroitement sur la philosophie de la vie de Trịnh Công Sơn.

 

Ceux qui connaissent la musique de Trịnh Công Sơn peuvent trouver ce terme "philosophie de la vie" difficile à accepter. Beaucoup de ses chansons contiennent des images surréalistes, une grammaire étrange, et des collocations de mots non-canoniques. Comment des œuvres comme celles-ci peuvent-elles être considérées comme des arguments philosophiques ? Bien que ses chansons aient ces caractéristiques, je pense toujours qu'une philosophie assez cohérente émerge d'elles. Trịnh Công Sơn a étudié la philosophie dans un lycée français de Saïgon et a déclaré qu'il "aimait toujours la philosophie et voulait mettre de la philosophie dans ses chansons, une sorte de philosophie soft que tout le monde peut comprendre". Dans cet article je décris cette "Philosophie soft", et ensuite je vais tenter de la comprendre plus profondément en la rapportant principalement aux idées bouddhistes - parce que je crois qu'elles déterminaient en dernière instance son œuvre - mais aussi à l'existentialisme européen, une philosophie qui, à la fin des années 1950 et au début des années 1960, fascinait Trịnh Công Sơn et d'autres intellectuels du sud.

 

La philosophie de Trịnh Công Sơn, telle qu'elle est révélée dans ses chansons, est basée sur la reconnaissance que, si la vie a ses plaisirs, elle est pleine de tristesse. Dans sa chanson "Gọi tên bốn mùa", Trịnh Công Sơn dit "Tin buồn từ ngày mẹ cho mang nặng kiếp nguời" (Triste nouvelle depuis le jour où ma mère m'a transmis le fardeau de la vie). Dans cette chanson et quelques autres, il décrit la jeunesse, particulièrement les vingt ans, comme un moment particulièrement triste. Dans "Nhìn những mùa thu đi" (Regarder les automnes passer), il chante :

 

Nhìn những mùa thu đi

Tay trơn buồn ôm nuối tiếc

Nghe gió lạnh về dêm

Hai mươi sầu dâng mắt biếc

Thương cho người rồi lạnh lùng riên5

 

À voir les automnes passer
Ta main vide tristement nourrit les regrets
Il semble que le vent froid revient la nuit
Vingt tristes années montent dans tes yeux clairs
Ton amour pour lui, puis le repli glacé.

La vie est triste parce que rien ne dure. Tout - les oiseaux, les fleurs, le bonheur, les relations amoureuses et la vie elle-même - est transitoire, aussi éphémère que la brume. Dans la chanson "Ở trọ" (Le pensionnaire), il souligne que toutes les créatures ne sont que des pensionnaires dans ce monde, pas des résidents permanents :

 

Con chim ở đậu cành tre

Con cá ở trọ trong khe nước nguồn

Tôi nay ở trọ trần gian

Trăm năm về chốn xa xăm cuối trời

 

L'oiseause pose sur la branche de bambou
Le poisson loge dans le torrent encaissé
Bambou, i-a
Rivière i-a
Moi actuellement je loge en ce bas-monde
Une vie humaine pour retourner au bout du bout de l'horizon
i-a i-a i-a a !

 

Dans un monde de tristesse, l'amour est un refuge attrayant et est présenté comme tel dans certaines chansons de Trịnh Công Sơn. Mais parce que l'amour, comme tout le reste, ne dure pas, il ne peut pas être le refuge que nous cherchons. Ce thème de l'amour étant beau mais éphémère se retrouve dans de nombreuses chansons de Trịnh Công Sơn. Dans "Đóa hoa vô thường", par exemple, Trịnh Công Sơn chante les étapes d'une relation amoureuse - l'heureuse période où l'amour s'épanouit et ensuite la fin inévitable :

 

Từ đó ta nằm đau

Ôi núi cũng như đèo

Một chút vô thường theo

từng phút cao giờ sâu

Từ đó ta ngồi mê

Để thấy trên đường xa

Một chuyến xe tựa như

Vừa đến nơi chia lìa

 

Depuis lors je suis alité
Ô, montagnes et défilés
Un peu d'impermanence vous suit
Chaque minute est grande et chaque heure est profonde

Depuis lors je reste assis hébété
Afin de voir sur la route au loin
Un véhicule qui semble
Avoir juste atteint le lieu de la séparation

Les chansons d'amour de Trịnh Công Sơn sont, comme l'indique son ami Hoàng Phủ Ngọc Tường, des affirmations métaphysiques dans le sens que la rupture des relations amoureuses qu'elles décrivent n'est pas une bosse sur le chemin d'une vie foncièrement heureuse. Ils sont, selon les mots de Hoàng Phủ Ngọc Tường, "des prières au bord de l'abîme". Le poète Xuân Diệu a dit : "Yêu là chết ở trong lòng một ít", (Aimer, c'est mourir un peu dans le cœur), Les séparations inévitables dans les chansons d'amour de Trịnh Công Sơn sont une petite mort, une préparation au départ définitif - de son amante et de soi-même - de ce monde. Ils sont des rappels de l'impermanence. La mort, ce départ final, n'est jamais loin dans une chanson de Trịnh Công Sơn. Dans plusieurs chansons, il se réfère explicitement à sa propre mort, comme il le fait dans "Bên đời hiu quạnh" (À côté d'une vie désolée) :

 

Một lần nằm mơ tôi thấy tôi qua đời

Dù thật lệ rơi lòng không buồn mấy

Giật mình tỉnh ra ồ nắng lên rồi

 

Une fois je rêvais et je me vis mourir
Malgré les larmes qui coulaient, vraiment, mon cœur n’était guère triste
Sursautant, je me réveille... Oh le soleil est déjà levé !

 

Dans d'autres chansons, il se réfère à la mort en termes plus vagues - comme un voyage au "bord du ciel". Quelle que soit l'image, l'éternité appelle toujours la musique de Trịnh Công Sơn, comme dans une chanson intitulée "Lời thiên thu gọi " (L'appel de l'éternité) :

 

Về chân núi thăm nấm mồ

Giữa đường trưa có tôi bơ phờ

Chợt tôi thấy thiên thu

Là một đường không bến bờ

 

Revenu au pied de la montagne visiter les tumulus
À midi je me trouve très abattu
Soudain je vois que l’éternitéest
Une route sansfin.

Et dans "Còn có bao ngày" (Combien de jours reste-t-il), il chante :

 

Đêm ta nằm bóng tối che ngang
Đêm ta nằm nghe tiếng trăm năm

Gọi thì thầm, gọi thì thầm, gọi thì thầm

 

La nuit, je me blottis dans l’obscurité 
La nuit, je m'allonge, écoutant toute une vie
Qui chuchote, qui chuchote, qui chuchote

La philosophie soft de Trịnh Công Sơn inclut une cosmologie. Il y a deux mondes: un monde réel, appelé trần gian (cette terre) ou nhân gian (le monde humain), et un monde irréel, appelé thiên thu ou đất muôn đời (éternité) ou thiên đàng ou vườn địa đàng (paradis). Mais le monde réel se dissout toujours dans l'irréel, et donc le monde de la musique de Trịnh Công Sơn est ce que Bùi Vĩnh Phúc appelle un monde "nhòe nhạt" (flou) ou "lai" (hybride), un monde qui se situe entre le réel et le surréaliste, un monde que, comme Trịnh Công Sơn le chante dans "Đời cho ta thế" (La vie nous donne ces choses), est "Không xa trời và cũng không xa phận người" (Pas loin du ciel mais aussi pas loin du sort des humains). Ce flou entre le réel et l'irréel, qui peut aussi être vu comme un flou entre la vie et la mort, l'existence terrestre et l'éternité, est le mélange primordial et le plus important des contraires trouvés dans les chansons de Trịnh Công Sơn.

 

Mais d'autres flous se produisent souvent dans un même vers. Comme le souligne Cao Huy Thuần, il y a souvent un peu de ceci dans ça et un peu de cela aussi dans une chanson de Trịnh Công Sơn, "un peu en aval et en amont, une petite mort au printemps de la vie et un peu d'éternité" de nombreux vers présentent un parallélisme grammatical, une structure généralement utilisée pour équilibrer les opposés, mais souvent Trịnh Công Sơn utilise cette structure pour ne pas distinguer et opposer les qualités et les catégories mais pour les brouiller et les confondre, un effet que Cao Huy Thuần appelle "Đối hợp", ou "opposition harmonieuse". Par exemple, "Tình không xa nhưng không thật gần" (L'amour n'est pas loin mais pas vraiment près),"Không xa đời và cũng không xa mộ người"(Pas loin de la vie et aussi pas loin de la tombe), "Mốt phố hồng, một phố hư không" (Une ville rose, une ville de néant).

 

Dans d'autres vers, la grammaire est moins parallèle, mais un refus de distinguer nettement les qualités et les catégories est toujours évident: "Có chút lệ nhòa trong phút hôn nhau" (Quelques larmes brouillent le moment de s'embrasser), "Tình ngỡ đã phôi pha nhưng tình vẫn còn đầy "(L'amour je le croyais fané mais il est toujours fécond).

 

À travers le monde partiellement réel et partiellement miraculeux de Trịnh Công Sơn, une figure humaine voyage. Fréquemment, cette personne est décrite comme fatiguée et triste. Bien qu'appréciant ce que la vie a à offrir, en particulier l'amour, elle ne se sent pas complètement à l'aise dans le monde terrestre. Dans plusieurs chansons, il se décrit comme un exilé. Où cette figure humaine voyage-t-elle? Et où part-elle, d’où revient-elle ? Est-elle en train de quitter ce monde ou de revenir d'un autre? Ce voyageur lui-même semble incapable de répondre à ces questions. Dans "Có một ngày như thế" (Il y aura un jour comme ça) il chante :

 

 

Có một ngày . . . có một ngày như thế

Anh đi . . . Anh đi đâu? . . . về đâu?

 

Il y aura un jour . . . Il y aura un jour ainsi,

J'irai . . . J'irai où . . . Je reviendrai d'où ?

 

Et dans "Tiến thoái lưỡng nan" (Dilemne) il chante :

 

Tiến thoái lưỡng nan

Đi về lận đận

Ngày xưa lận đận

Không biết về đâu

Về đâu cuối ngõ?

Về đâu cuối trời?

Xa xăm tôi ngồi

Tôi tìm lại tôi.

 

Dilemme,venir etrevenir esttout aussipénible
Les jours d’antan étaient pénibles, ne pas savoir oùon retourne...
Revenir au fond de l'impasse?D'où ? Versl’horizon ? D'où ?
Lointain, je cherche un rêve
Lointain, de nouveau je me cherche...

 

Dans plusieurs chansons il chante que sa maison lui manque ;

 

Nhiều đêm muốn quay về ngồi yên dưới mái nhà

 

Certaines nuits je veux retourner sous le toit de ma maison

 

(In “Lời thiên thu gọi”, L'appel de l'éternité)

 

Một lần chợt nghe quê quán tôi xưa

Giọng người gọi tôi nghe tiếng rất nhu mì

 

Une fois, soudain, j’entendisde mon village natal
Une voixquim’appelait, j’y percevais une grande douceur

(In "Bên đời hiu quạnh", Proche d'une vie désolée)

 

Nhiều khi bỗng như trẻ nhớ nhà

Từ những phố kia tôi về

 

Bien souvent soudain comme un enfant nostalgique de sa maison
D'autres villes je reviens

 

(In “Đêm thấy ta là thác đổ”, La nuit je me sens comme une cataracte)

Mais par "maison" (nhà) et "lieu d'origine" (quê nhà) et "village d'origine" (quê quán) l'auteur-compositeur signifie-t-il son foyer terrestre ou son dernier lieu de repos - la mort, l'éternité ? Il semble incertain sur ce point. Il n’est pas sûr, comme il le dit dans "Tiến thoái lưỡng nan", qu’il se dirige vers le "bout du chemin" de son village natal ou vers le "bord du ciel" de l'éternité. "Chẳng biết nơi nao là chốn quê nhà", dit Trịnh Công Sơn dans l'une de ses chansons les plus célèbres, "Một cõi đi về", un lieu de départ et de retour. Et donc l'auteur-compositeur voyage en cercles :

 

 

Bao nhiều năm rồi còn mãi ra đi

Đi đâu loanh quanh cho đời mỏi mệt

Trên hai vai ta đôi vầng nhật nguyệt

Rọi suốt trăm năm một cõi đi về

 

Combien d'années à toujours pousser plus loin
Pour aller où ? Je m’agite en une vie éreintante
Sur mes épaules la ronde du soleil et de la lune
Éclairant toute une vie, un lieu où séjourner et revenir

 

(Many years I’ve wandered,

Going in circles, growing tired,

On my shoulders the sun and the moon,

Lighting a lifetime, a place for leaving and returning).

 

 

John C. Shafer, traduit de l'anglais par Jean-Claude RENOUX

 

Death, Buddhism, and Existentialism in the Songs of Trinh Công Sơn, par John C. Schafer

 

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