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Date de création : 15.01.2018
Dernière mise à jour : 18.04.2024
279 articles


Chansons anti-guerre de Trinh Công Son, 1ère partie

Chansons anti-guerre de Trinh Công Son, 1ère partie

photo : Dinh Cuong et Buu Chi

 

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A propos des chansons antiguerre de Trinh Công Son, par Buu Chi

1ère partie

Về những ca khúc Phản chiến của Trịnh Công Sơn

 

 

Le 1er avril 2001 à 12 h 45, Trinh Cong Son est parti. Ce cœur aimant et sensible a cessé de battre ; ce cerveau plein de beauté et de créativité a cessé de fonctionner. Il a laissé ses amis et ses fans dans un infini chagrin. Une grande perte, un espace vide que rien ne peut combler sur la scène musicale vietnamienne moderne. Un célèbre musicien contemporain a reconnu de façon impartiale que Trịnh Công Sơn était le meilleur compositeur vietnamien de chansons d'amour du siècle au Vietnam. Parlant de son départ, les admirateurs qu’il laisse dans ce bas monde se sont exprimés de beaucoup de manières et avec de nombreuses approches différentes.

Mais en parler de quelle que manière que ce soit et avec quelle que approche que ce soit, cela ne peut aider à soulager cette douleur et cette perte. Clairement, c’est la disparition d’un corps physique hérité des parents qui l’ont engendré, selon les lois naturelles de l'univers cosmique, tout ce qui inopinément naît, doit mourir, tout ce qui est visible est appelé à disparaître. Mais en réalité, Son est resté, il est pour toujours sur la scène musicale, avec la civilisation et la culture de sa patrie.

Durant toute une vie d’un travail créatif acharné, il aura contribué par plus de 600 chansons au patrimoine artistique national. Une œuvre énorme. Et c’est ce moyen, ce pouvoir qui l’ont aidé à combattre le destin. Le destin d’une vie humaine dure et cruelle qui n’a jamais permis à quiconque de vivre jusqu’à atteindre la joie ordinaire et de vivre comme on l’aurait souhaité.

Pour la communauté, une fois mort, Son a satisfait toutes ses « obligations » de manière équitable (payé sa dette) avec ce bas monde. Toute sa vie, Son a fait tout ce qu'il voulait et il est parti quand c’était son heure. Tout ce qu'il nous a laissé de sa vie n’existe que de façon évidente et transparente. Aucun reproche (blâme) à lui faire, aucune ambiguïté.

Le génie ? Il n'avait pas besoin de cette vanité. Il était lui, et c’était génial. En outre, la postérité, qui est plus large et plus clairvoyante que le présent, tranchera. Mais quoi qu’il en soit, ce ne sera toujours que vanité. La vanité engendre des personnes pleines d’ambition, qui se battent et s’affrontent de façon douloureuse. Ça n’est jamais arrivé de son vivant, même s’il a pu arriver que Son rêve, ne serait-ce qu’une fois, en secret, de ce nom plein de colère.

Sa personnalité ? Je répondrai que Trinh Cong Son est un musicien plein de sa personnalité. Grande ou petite ? Par rapport à qui ? Les vivants acceptent souvent les clichés, mais un cliché est souvent conçu par des gens passionnés.

J'ai dit que la personnalité de Trinh Công Sơn était déterminée par son positionnement artistique. Ce positionnement artistique a toujours été cohérent avec sa création artistique, sans jamais mourir ni dégénérer ou se pervertir, jusqu'à son dernier souffle. Affirmer une telle chose pour une personne qui vit encore n'est pas sans risque. Mais pour qui est mort, nous n'avons plus à redouter que de le dire soit bon ou mauvais, justifié ou erroné, mérité ou non.

Un aparté m’est nécessaire pour dégager la voie à la question que je me propose de traiter : Trinh Cong Son et sa musique anti-guerre. Durant la présentation de cet article, je vais essayer de faire ressortir ce talent et cette personnalité rares qui se distinguaient dans le contexte vietnamien de sang et de larmes, de feu et de terreur, pendant la guerre persistante et féroce de l’époque.

C’était une guerre historiquement nécessaire pour un peuple opprimé ; mais ce choix et cette détermination n'en étaient pas moins pénibles. Et Trịnh Công Sơn est apparu dans ce contexte comme la conscience d'un être sensible et compatissant, qui ne pouvait que parler de sa passion pour sa patrie, malgré l'absence de positionnement politique, mais avec honnêteté.

Ce que je veux dire, je le dirai du plus profond de mon cœur.

Je ne parlerai pas des chansons anti-guerre de Trinh Cong Son comme le ferait un critique littéraire à propos des paroles, ni comme un musicologue à propos de son art musical. Mais je le ferai en tant que témoin, vivant à la même époque et partageant ses activités, je parlerai de l’engagement de la musique de Trinh Cong Son dans le mouvement pacifiste du pays ; une musique pleine de désespoir, mais aussi pleine de sens et de valeurs humaines.

Cela signifie parler de Trinh Công Son comme d’un artiste authentique, un citoyen vietnamien qui portait un amour sincère à son pays. S'affirmer dans ce sens, c'est affirmer sa propre contribution aux valeurs culturelles et de civilisation du pays.

D’un Vietnam se construisant toujours sur l’humain et la paix.


Qu'est-ce que la musique anti-guerre ? Quelle était sa fonction  ?

Être anti-guerre, c’était exprimer par son attitude que vous n’approuviez pas la guerre, et cette désapprobation signifiait une sympathie, un partage avec ceux qui devaient endurer les deuils et les souffrances de cette guerre. Empathie, sans se placer en marge et sans choisir un camp ; mais étant dans la position de quelqu’un qui partagerait un même destin, une même prédestination. Son ne se revendiquait absolument d’aucun « Isme » ; pas plus qu’il ne se positionnait contre quel qu' « Isme » que ce soit. Tout au plus se revendique-t-il de ce qu'on appelle « l'humanisme » (en français dans le texte) ? Et ce n’est après tout qu’un mot.

Toutes ses émotions, tout ce qui, d’une pareille réalité sanglante pour ses compatriotes, résonnait dans son esprit, il en parlait immédiatement. Il en parlait sans hésiter, il en parlait comme d’une supplique. Do Phu, à l'époque chinoise, écrivait des poèmes exprimant sa compassion pour le bas peuple qui, par dizaines de milliers d'individus, périssaient dans un bain de sang et par le feu de la guerre. On a dit plus tard qu'il avait l'esprit anti-guerre. En fait, il souhaitait simplement exprimer son émotion profonde vis-à-vis de l'époque, mais derrière ce sentiment, il n'y avait aucun calcul.

En bref, dans sa musique anti-guerre, Trịnh Công Son n'avait aucune visée politique, de quelle que nature que ce soit. Il suivait les impulsions de son cœur, un cœur qui aimait la vie, qui aimait les gens, afin de faire entendre la voix de ce cœur, parlant de sa patrie et de son peuple, d’une manière honnête et sincère. Et une fois qu’il se fût couché en paix pour l’éternité, cette affirmation est devenue plus éloquente.

Nous verrons les impulsions de ce cœur parcourir toutes les compositions de sa musique anti-guerre. Tout d'abord, nous pouvons décrire brièvement le cheminement des compositions des chansons anti-guerre de Trinh Cong Son comme suit :

- La conscience anti-guerre des chansons de Trinh Cong Son guerre était en germe en 1965, en 1966. Au cours de cette période, il a publié le recueil Ca khúc Trịnh Công Sơn (Thần thoại quê hương, tình yêu và thân phận) « Chansons de Trinh Công Son, Mythologie de la patrie, de l’amour et du destin », Editions An Tiem 1966. Après cela il a développé cette conscience progressivement dans les recueils « Ca khúc da vàng » (chants des jaunes) à la fin de 1966 et au début de 1967, et « Kinh Việt Nam » (Prières pour le Vietnam) en 1968. Tous ces recueils ont été auto-publiés.

Pour accompagner la frénésie des manifestations des jeunes gens, étudiants et lycéens, dans les villes du Sud-Vietnam, contre les États-Unis et l'ancien régime, manifestations qui exigeaient la paix, l'indépendance et l'unification du pays, il publia le recueil « Ta phải thấy mặt trời » (Nous devons voir le soleil) en 1970. Auto-publication au nom de « Nhà xuất bản Nhân Bản » (Maison d’Edition « Humanisme »). En 1972, lorsque la situation de guerre dans le Sud-Vietnam empira, il écrivit une suite au « Chants des jaunes » (Ca khúc da vàng 2). Toujours en auto-publication au nom de « Nhà xuất bản Nhân Bản »). C'est le dernier recueil de sa musique anti-guerre. En résumé, il y aura au total 5 recueils, 58 chansons, sans parler des chansons écartées, improvisées lors des manifestations de jeunes, étudiants et lycéens, de Huê.

Par rapport aux chansons que Trịnh Công Sơn a créées tout au long de sa vie et jusqu'à sa mort, le nombre de chansons anti-guerre est relativement faible. Mais ce sont ces chansons qui ont fait sa réputation, resplendissante de mille feux. Il faut dire que c’était brillant ! Et c'est cette aura qui en a formé le socle. Les chansons d’amour de Trinh Cong Son ont perpétué cette aura jusqu'à aujourd'hui, et continueront de le faire demain. Ce sont les chansons anti-guerre de l'époque qui ont fait pousser des ailes à sa renommée, volant au-delà des frontières du Vietnam, pour aller de par le monde, et en particulier au Japon. Dans ce pays, il avait l'habitude d'obtenir des « disques d'or ». Jusqu’à figurer dans la nomenclature de l’encyclopédie française « Encyclopédie de tous les pays du monde » (en français dans le texte).

En fait, dans les années 58, 59, 61 et 62, des chansons comme Ướt mi (cils mouillés), Thương một người (Aimer quelqu'un), Nhìn những mùa thu đi (A regarder les automnes passer), Biển nhớ (La mer se souvient), etc. ont commencé à devenir célèbres dans les « phòng trà ca nhạc » (salons de thé-concert du Sud). Mais il a fallu attendre les années 65, 66 et 67 pour que les chants de Trinh Cong Son accèdent aux salles de conférences des Universités de Saigon et de Huê, devant des milliers d'étudiants et de lycéens exaltés, avec des chants des recueils « chansons de Trịnh Công Sơn » et les « Chants des Jaunes », et que le nom de Trịnh Công Sơn devienne un phénomène. Le phénomène Trinh Cong Son.

Les chansons anti-guerre de Trinh Cong Son ont été reproduites pour passer de main en main, elles ont été enregistrées sur des cassettes, ou sur de grandes bandes, également appelées cassettes Akai... Ce qui signifiait que toutes les formes et tous les médias populaires étaient mis à contribution. On écoutait la musique anti-guerre de Trinh Cong Son au café, on les entendait lors d’activités collectives des jeunes, on les entendait même dans les salons réservés aux dames et dans les avant-postes...

Se dévidant comme un Blues infiniment triste et étouffant, au rythme d’un récitativo, les chants anti-guerre de Trinh Cong Son ont grimpé en flèche :

 

Ô, la guerre a emporté mes amis
Les alezans épuisés sont morts sur les collines du pays
Y a-t-il quelqu'un ? Il ne reste personne !
Ô, genre humain, il ne reste que le soleil et toi
Voici des lèvres qui souhaitent un amour
Ô, genre humain, le soleil est en moi !

(Xin mặt trời ngủ yên - ca khúc Trịnh Công Sơn)

« Que le soleil dorme paisiblement »

 

Et

 

Les larmes aiment l’enfant
L’enfant dort, la mère s'en félicite
Les larmes aiment la rivière
Qui couve les algues
Les larmes aiment la terre
La terre stérile depuis des années
Les larmes aiment le peuple
Mon peuple à l'infortuné destin

(Nước mắt cho quê hương - Ca khúc Trịnh Công Sơn)

« Des larmes pour le pays »


Ensuite


La mère berce l'enfant
Elle balance le hamac tristement
Elle balance le hamac tristement
La mère berce l'enfant
Les nuages passent sur les sommets rocailleux
Elle invoque le ciel pour que la pluie déferle 
Elle invoque le ciel pour que la pluie déferle
Pour que la terre soit meuble
Et que les grains germent, croissent et s’amoncellent
La mère berce l'enfant
Des larmes d’épuisement aux yeux
Poignante est sa vie

 

(Ca dao mẹ - Ca khúc Trịnh Công Sơn)

Ca Dao (chant populaire du Sud, peut se traduire par blues ou complainte) de la mère

Ou pour un événement qui vient de se produire dans la ville :

 

Les bancs de pierre du jardin public transférés dans la rue
Un vieil homme recroquevillé dans le soir s’assoupit
Un vieil homme recroquevillé, tristement il écoute les explosions
Un enfant nu pleure, son enfance fout le camp

(Người già em bé - Ca khúc Trịnh Công Sơn)

« Un vieil homme, un enfant »

 

Et avec Phúc âm buồn (Triste évangile), Tuổi đá buồn (L'âge de la pierre triste) etc.

Le chant de Trinh Cong Son était comme une corde invisible qui reliait rapidement ses propres états d’âme et le destin personnel des citadins du Sud en un seul et même état d’âme, un seul et même destin. Quel était cet état d'esprit et ce destin ? C'était l’état d’âme et le destin des Vietnamiens qui ont été trompés, qui étaient les victimes de la violence et de l’ignorance. Leurs croyances et leurs espoirs ont subi de nombreuses fois une vie pleine de vicissitudes. Pour eux, chaque désir, chaque projection s’apparentait au néant. Ils agissaient sur la scène d’une vie pleine de sang et d'os, de morts et de deuils dans une guerre absurde, sans jamais voir de lueur au bout du tunnel de cette sombre vie.

 

(à suivre)

 

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