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Date de création : 15.01.2018
Dernière mise à jour :
18.04.2024
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Trịnh Công Sơn, người tình của cuộc sống (phần 1), par Ban Mai
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Trịnh Công Sơn, amoureux de la vie (partie 1)
Par Ban Mai, décembre 2005 (complété en février 2008).
Une fois, dans une interview sur les chansons d'amour, quelqu'un a comparé les paroles des chansons de Trịnh Công Sơn à la poésie de Rabindranath Tagore, le poète des « Poèmes lyriques », de « Le jardinier d’amour », de « la corbeille de fruits » ... Trịnh Công Sơn répondit qu’il souhaitait être seulement considéré comme un amoureux de la vie (người tình của cuộc sống). En effet, les paroles des chansons de Trịnh Công Sơn expriment le désir d’une personne assoiffée de vivre. Car assoiffé de vie, il a toujours été obsédé par la mort.
Trịnh Công Sơn a dit un jour : « Ma plus grande obsession, que j’ai conservé depuis mon plus jeune âge, c’est toujours l’obsession de la mort. La vie et la mort sont devenues un problème majeur dans ma vie spirituelle. Peut-être, en fin de compte, cela provient-il de cette pensée que j’aime trop la vie, et que j'ai peur de la perdre. Perdre quelque chose que j’aurais eu autrefois dans la vie, que j’aurais traversé jadis et que j’ai trouvé dans l’amour, car la plus belle chose dans la vie c’est la crainte qu’un jour on mourra. La perte et la mort sont les plus grandes obsessions de ma vie »
Dans les paroles des chansons de Trịnh Công Sơn, nous rencontrons facilement ces « obsessions » :
Combien d’années font une existence humaine ?
Soudain un soir les cheveux sont blancs comme chaux,
Les feuilles fanées là-haut chutent d’abondance
Afin que toute une vie en un jour périsse
(Cát bụi), sable et poussière
Quelle rue me conduira jusqu'à l'ivresse ?
Une fois je rêvais et je me vis mourir
(Bên đời hiu quạnh), En une vie solitaire
La vie m'a donné deux bras, deux bras si longs pour étreindre l'altruisme
La vie m'a donné deux jambes, deux jambes épuisées par toute une vie d'aller et retour
(Giọt lệ thiên thu), Larmes d’éternité
Sa sensibilité constante à la nature limitée de la vie a encouragé son âme à toujours s'approcher du monde de l’impermanence (cõi vô thường).
Les candides grains de sable sombrent sous les pas
Les berges de l'éternité sont ensevelies dans le néant
(Chìm duới cơn mưa), Enseveli sous la pluie
Vivre chaque jour
Mourir chaque jour
Rester en vie un jour
Rendez-vous avec la mort un matin
(Buồn từng phút giây), La tristesse de chaque matin
L’homme est recroquevillé comme une bête dans la forêt brumeuse
Il repose calmement sans se plaindre de sa condition de mortel
Combien de temps encore avant que le corps cesse d'être exilé en ce lieu ?
Combien de temps encore avant que l’éternité s'empare de ce corps ?
(Phúc âm buồn), Tristes Évangiles
Mais peut-être qu’avec la chanson « Một cõi đi về » (Un monde où aller et revenir), qui porte fortement la qualité du Zen (chất Thiền), et qui est une chanson ayant une vision étrange du karma humain (số kiếp con người), il voit la vie comme un monde où flâner en toute insouciance (một cõi rong chơi) si elle est vue d'un point de vue philosophique. De son vivant, Trịnh Công Sơn avait également reconnu que « Một cõi đi về » était une chanson très étrange, vraiment difficile à comprendre car il y avait des phrases dans cette chanson qu'il trouvait difficiles à expliquer lui-même. Cependant, même si nous ne comprenons pas entièrement les paroles, lorsque nous l’entendons, lorsque nous la chantons, il y a quelque chose en elle qui touche notre cœur.
Tant d'années à toujours pousser plus loin
Pour nulle part. À tant tourner, ma vie s'est épuisée
Sur mes épaules la ronde du soleil et de la lune
Éclairant toute une vie, un monde où partir et d'où revenir
Chaque être humain a son propre monde où aller et d’où revenir (Một cõi đi về) telle est l’idée principale de la chanson. Du néant, les gens viennent à la vie, et d’une vie insouciante les gens retournent au néant. L'écrivain Nguyễn Quang Sáng a déclaré qu'en écoutant cette chanson, il ne ressentait pas la peur de mourir. C'est notre sentiment général, et parce que tout le monde a le même monde où aller et revenir dans la vie, pour ensuite retourner au néant, ce n'est pas si oppressant pour les gens, ni trop étrange pour eux. En comprenant cela, les gens deviennent soudain plus sereins devant la mort.
À travers les paroles de « Một cõi đi về » de Trịnh Công Sơn, nous rencontrons la nature impermanente de la poésie Zen de la période Lý-Trần, dans le poème « Chợt tỉnh » (Le sursaut) de Tuệ Trung :
On devine que « non » et « oui » ne sont pas si éloignés
Vivre et mourir désigne une lame (đợt sóng, lame, vague)
La lune brillante la nuit dernière sera toujours celle de ce soir
Les fleurs qui fleurissent à la nouvelle année sont aussi celles de l’ancienne
La vie (ba sinh) file vraiment comme une torche sous le vent
Neuf royaumes passent comme des fourmis s’affairant sous la meule à farine
Quelqu'un a demandé pour quelle finalité
Ma-ha-bát-nhã tát-bà-ha (Prajñā sutta, l’un des sutras les plus importants du bouddhisme vietnamien, NDT)
(Tuệ Trung, 1230-1291, de son vrai nom Trần Tung ou Trần Quốc Tung, membre de la famille impériale au Đại Việt sous la dynastie Trần, poète, officier et stratège, et maître Zen dans sa jeunesse, NDT) )
Dans les poèmes Zen de la période Lý-Trần, les poètes reflètent également la condition humaine brève et expéditive. La vie humaine n’est pas « qu’un éclair, n’est pas qu’un devenir » (Thị đệ tứ, Enseignement aux disciples… Vạn Hạnh). La nature de cette impermanence est exprimée de façon vivante à travers l’image de như một ánh chớp, mới có đã thành không « La vie file vraiment comme une torche sous le vent » (Le sursaut de Tuệ Trung). Tout, la vie, et les actes méritoires de la jeunesse, ne sont qu'un rêve fugace, un nuage flottant qui se propage sans y être prédestiné, une flèche qui vole, perdue sans espoir de retour.
Les poètes zen appellent toujours les gens à se rendre compte de ceci : « le soleil se lèvera puis partira, la vie flottera puis sombrera » (Thư thời vô thường kệ - Khóa hư lục, de Trần Thái Tông) ; « Le temps n'est pas long ; la vieillesse, la maladie le pénètre facilement » (Hoàng hôn khuyến chứng kệ - Khóa Hư Lục, de Trần Thái Tông), appelant les gens à regarder directement dans la réalité. La nature fugace et impermanente du temps terrestre a besoin d’être conscient pour ne pas être pessimiste et misanthrope, mais pour surmonter cette mélancolie inhérente, pour atteindre l’esprit : « Ne dîtes pas au printemps que les fleurs se faneront et tomberont à la fin / la nuit traverse la cour et une branche d’abricotier fleurit) (Cáo Tật Thị Chúng, Mãn Giác thiền sư).
Juste au moment « éclairé », le temps fini devient un temps sans commencement ni fin, le printemps qui vient et s’en va devient un printemps constant, éternel ou pour le dire autrement, le temps de la mesure est devenu un super moment. Dans les chansons de Trịnh Công Sơn, il y a toujours un mouvement dialectique entre l'impermanent et le constant, entre l’instantané et le durable. Imprégné de Zen bouddhiste, Trịnh Công Sơn aussi a « éclairé » ce monde vivant qui n’est qu’un monde temporaire et il a appelé les gens à vivre heureux dans cette auberge dont ils sont les pensionnaires :
L'oiseau se pose sur la branche de bambou
Le poisson loge dans le torrent encaissé
Bambou, i-a
Rivière i-a
Moi actuellement je loge en ce bas-monde
Toute une vie avant de retourner au ciel
i-a i-a i-a a !
(Ở trọ), Le pensionnaire
La condition tragique des gens ne repose pas seulement sur la contradiction entre le fini et l’infini, mais aussi sur la tragédie de l’absurde. Dans la complainte du petit crabe des sables (ca Tiếng hát dã tràng), Trịnh Công Sơn l'a expliqué clairement. Selon un écrit de Nguyễn Đắc Xuân, Trịnh Công Sơn a écrit cette complainte en empruntant l’idée à l'ouvrage « Le Mythe de Sisyphe » (en français dans le texte) d'Albert Camus, l'auteur existentialiste français lauréat du prix Nobel de 1957.
L’ouvrage « Le mythe de Sisyphe » parle de l'absurdité de la vie. Quels que soient les efforts que les humains font pour construire, cela ne mène nulle part, tout comme le gars Sisyphe qui souffre quotidiennement et doit pousser un rocher en haut d’une montagne et le laisser échapper, et le rocher roule dans l’abîme, et après cela il s’efforce de le remonter, puis le laisse de nouveau échapper…
Tous ces efforts ne veulent rien dire, comme la légende du petit crabe qui transporte le sable de la mer de l’Est (mer de Chine pour les Occidentaux, NDT), des gens de l’Est. La complainte du petit crabe est teintée de philosophie sur la condition qui fait l’homme. L’existence (réincarnée) humaine n'a pas de sens, l'homme c’est la souffrance, seul l'amour peut atténuer la souffrance.
La complainte, c’est le cri pathétique du « crabe des sables qui pleure sur lui-même » dã tràng khóc cho thân mình, devant le spectacle de « L’océan qui guide la lame jusqu'à la plage / S’amusant à assaillir la mer de sable inculte / Effaçant la preuve du travail du petit crabe »... en disant la douleur sans fin de la condition humaine. Ce que les gens ont déjà produit est semblable à l’œuvre du petit crabe. Cependant, on ne doit pas désespérer pour autant, laisser tomber. Trịnh Công Sơn a seulement souligné que l'amour seul peut soulager la souffrance et que c'est le dernier sanctuaire :
Le nom du temps s’écrit sur les sourires
Il illumine la longue nuit, il écoute attentivement la venue de l’amour
Il entend le petit crabe aux maigres épaules
Il illumine la tristesse, il parvient à l’amour
Il appelle l'amour, il appelle l'amour, il appelle l'amour
Nous prendrons mille voies pour attraper des porte-voix, nous appellerons l'amour
Le musicien Văn Bình a déclaré : « Cette complainte est un témoignage du sentiment d’anxiété que nous rencontrerons souvent dans beaucoup de chansons de Trịnh Công Sơn plus tard, telles que Lời buồn thánh(tristes Évangiles), Đóa hoa vô thường (Fleur impermanente)."
Une tranche importante de plus pour en apprendre davantage sur la condition humaine fragile et la fugacité consiste à en apprendre davantage sur l'obsession du temps qui s'estompe dans le monde terrestre de Trịnh Công Sơn.
Dans son œuvre « Trịnh Công Sơn, La langue et les obsessions artistiques », Bùi Vĩnh Phúc a très soigneusement analysé cette obsession du temps qui s’étiole. Il considère qu'il nous est facile de rencontrer des images de flétrissure dans le monde de Trịnh Công Sơn, comme le soleil jaunissant, les feuilles jaunes fanées, les étreintes qui se fanent, l’automne fané, des rêves fanés, etc., il écrit : « Pour lui, le temps passe souvent trop vite, de sorte que tout ce qui est frais et beau dans cette vie se flétrit et dépérit peu à peu. (...) Dans le morceau Nhìn những mùa thu đi (Voir les automnes passer), Trịnh Công Sơn écrit :
À voir les automnes passer
Il te semble que la tristesse s'élève vers le soleil
Et que les feuilles tombant derrière la fenêtre
Il te semble que ton nom s'efface
Il te semble que le temps se meurt dans l'automne doré
(…)
Déjà maintes fois les automnes sont passés
Dans le parc, l'après-midi ne fait que traverser
Dans notre histoire commune autrefois, il a noté au moyen de beaucoup d’automnes déserts, que cet automne venu le rêve se fanait. L’oubli, la mort, la brièveté, la flétrissure. Ce sont les perceptions de Trịnh Công Sơn à propos de la marche nonchalante du temps mais qui cause beaucoup de souffrances poignantes, de douleur envers la vie de l’homme. »
Ce n'est pas que dans les chansons de Trịnh Công Sơn que le printemps est si triste, qu’il y a cette obsession de la flétrissure. La poésie d’autrefois était pleine de mises en garde sur la brièveté de la jeunesse : S’amuser au printemps avant que le printemps finisse / La vieillesse qui vient trop vite. Et spécialement dans la Nouvelle Poésie (Thơ Mới), la poésie du droit à une vie personnelle - elle devient une voix consciente de la brièveté impitoyable de la vie.
Le printemps arrive, ce qui signifie que le printemps passe
Le printemps est encore jeune, ce qui signifie que le printemps sera vieux
Et le printemps fini, cela signifie que moi aussi je mourrai
Chế Lan Viên refuse catégoriquement que le printemps arrive, il veut rester éternellement avec l'automne, ce qui signifie qu'il veut rester éternellement dans le passé, garder le temps perdu. Il souhaite :
Qui retournerait à l'automne précédent
Ramasser pour moi des feuilles jaunes ?
Avec les fleurs fraîches, une myriade de pétales se désagrège
Et revienne ici pour bloquer le printemps !
(Xuân, Printemps - Chế Lan Viên )
De même, Xuân Diệu souhaite être plus audacieux : je veux éteindre le soleil / Pour que sa couleur ne disparaisse pas / Je veux attacher le vent / Pour que l’encens ne s’envole pas (empêcher la mort de frapper)... (Vội vàng, en toute hâte). Il est difficile de dire que ce désir n'est pas « extravagant », « loufoque », ne prouve-t-il pas « une force extraordinaire » parce que les gens éteignent le soleil, commandent au vent, retournent la roue du Créateur du temps.
Et Trịnh Công Sơn a également eu un très beau rêve, très « extraordinaire » comme Xuân Diệu et Chế Lan Viên. Mais son rêve n’était que de « saisir au passage le vent et la pluie ».
Demain tu partiras, la mer se languira de toi qui retourne à la source
Elle appellera le grand large et le vent, submergeant les âmes, mes mains au passage intercepteront vent et pluie
(Biển nhớ), La mer se souvient
Cependant, nous voyons ici que les poètes de la Nouvelle Poésie (nhà Thơ Mới) retiennent toujours le temps, veulent toujours retourner dans le passé pour « bloquer le printemps ». Trịnh Công Sơn en était également attristé, déplorant le temps qui passe. Mais il comprenait que c’était la loi éternelle de la création, donc il l’acceptait bien sûr, ne le retenait pas, mais le fondait dans la nature pour « intercepter le vent et la pluie ». Les chansons écrites sur la condition humaine de Trịnh Công Sơn face à la mort comme à la décrépitude ne servent qu'à trouver la finitude (le caractère limité) de l’existence. La présence de chaque destin doit passer par un certain laps de temps (một khoảng thời gian), en raison d’un destin déterminé (prédestiné) et de l'espace indéterminé qui doivent être identifiés. Selon le Bouddha, c’est la causalité, la réincarnation (transmigration, Saṃsāra), une croissance sans répit et une métamorphose infinie afin de se développer et créer un « karma » (nghiệp) pour le destin.
Donc, la part misérable que chaque existence humaine doit porter est lourde, elle ne se situe pas dans sa propre catégorie, elle se propage partout dans ce monde avec des différences qui traversent les distinctions. Le sable et la poussière redeviennent sable et poussière.
Quel grain de poussière se réincarnera en mon corps
Afin qu’un jour je m’étire, prenne forme et m’éveille ?
Oh sable et poussière sublimes
Le soleil éclaire une existence insouciante.
(Cát bụi) Sable et poussière
La condition humaine précaire devant la vie et la mort, devant la tristesse et la solitude, ne dépend pas de notre propre disposition. Mais probablement du destin des vies humaines antérieures. La littérature romantique jusqu’à nos jours est triste, en particulier dans la poésie lyrique, la tristesse du poète se révèle d’autant plus clairement qu’elle est plus cuisante.
Particulièrement pour Trịnh Công Sơn - le musicien imprégné de la culture romantique française dès sa prime enfance, son ego s’exposait d’autant plus clairement qu’elle était nettement affirmée. C'était comme une obsession dans sa vie. Trịnh Công Sơn était un bloc de solitude. « Comment savoir ce que chaque vie a d’intime... » (Như một lời chia tay). « Je reviens me mirer / Entre des murs blancs et inexpressifs... » (Ru ta ngậm ngùi). Écoutez-le parler de son monde : Personnellement, je me connais / Et on se connaît intimement (Ngẫu nhiên). L'un de ses passe-temps était de « s'asseoir tous les jours dans la buvette pour boire de l’alcool et regarder le soleil du matin au soir ». Il jouissait pleinement de la douceur « assis tranquillement, je regarde l’univers et le ciel et je médite sur les choses que je n’ai pas encore résolues (chưa tự giải đáp) par moi-même... » Il a également déclaré « le moment le plus agréable c’est d’être assis paisiblement seul, avant qu'un proche paraisse et brise cette tranquillité. » Par conséquent, de tous temps ses sentiments secrets furent toujours « une chose cachée dans le cœur humain, qui n’est jamais qu’une chose cachée » (Một lần thoáng có, Une fois, fugitivement).
Bùi Vĩnh Phúc a déclaré que « l'âme est une chasseur solitaire », selon Carson McCullers. Il a écrit : « C'est dans la solitude que l’homme parvient à être à l’écoute de la vie, qu’il parvient à ressentir plus clairement les phénomènes naturels. Trịnh Công Sơn aussi. Dans le silence de la solitude, son oreille était devenue plus sensible que jamais. À l’écoute de la vie, de ses sentiments naturels, sous un certain angle, c’était aussi une obsession d’embrasser cette vie : La nuit, j'écoute le vent se confier / La nuit, j'écoute la terre se retourner car il pleut / La nuit, j'écoute le vent soupirer / La nuit, j'écoute les pleurs et les rires des fœtus... (Nghe tiếng muôn trùng, À l’écoute d’une myriade de bruits). À l’écoute de la nature, il a eu l'occasion de vivre et de revenir aux sentiments, à la douleur et au bonheur anciens. Sa vie est devenue audacieuse et profonde :
Parfois sur les feuilles sèches je voyais un ruisseau
Parfois d’une vague brume dans tes yeux, je me souviens
Parfois marchant dans les vielles rues mon cœur se souvient
Parfois je ressens cent blessures, puis je deviens de pierre insensible !
(Rồi như đá ngây ngô), Comme une pierre insensible
Le sentiment de solitude est probablement le destin de l'homme, peu importe où il se trouve. Dans sa patrie ou loin d’elle. En temps de paix ou en temps de guerre. Au milieu de la foule ou dans un endroit désertique... On ne peut revenir qu’à soi, revenir à soi :
Le ciel est haut, la terre est vaste
Solitaire je pars
Solitaire je pars,
La vie est inépuisable
Solitaire je reviens
Solitaire, je reviens... à moi-même !.
(Lặng lẽ nơi này). Silencieux est ce lieu
De même, pour les poètes de la Nouvelle Poésie, la solitude et la tristesse se transmettent. Ils sont pleinement conscients d'eux-mêmes et ils se sentent de plus en plus seuls.
Il y a des peines immotivées qui envahissent l'âme légèrement, doucement :
Aujourd'hui le ciel est clément là-haut
Je suis triste je ne sais pas pourquoi je suis triste
... calme l’après-midi stupide l’après-midi
Le cœur n’a aucun problème, désolé, tristounet...
(Chiều, l’Après-midi, de Xuân Diệu )
Mais plus cuisante est la tristesse qui procure un sentiment de solitude :
De tous côtés pointe la musique : la mer est cristalline
Mon âme a peur de tous côtés
(Nguyệt Cầm, L’éclipse lunaire - Xuân Diệu )
Huy Cận a également comparé l'âme solitaire, affligée, dans sa vie à une île :
L’âme esseulée est comme une île qui a quitté la mer
Tout au long de la vie comme une montagne qui se trouve à l'ouest
(Mai sau, Dans l’avenir).
Trần Tử Ngangde Chine, il y a plus de mille ans, a également ressenti une tristesse similaire :
(…)
Qui est passé avant ?
Qui après l'enfant à naître ?
A la pensée que l’univers est immense
Solitaire jaillissent mes larmes.
Cependant, la tristesse et la solitude des poètes de la Nouvelle Poésie diffèrent de la tristesse de Trịnh Công Sơn. Les poètes de la Nouvelle Poésie n’ont su exprimer leur différend vis-à-vis de la vie sociale qu’en se terrant dans un moi solitaire et triste : « Je me suis échappé vers le séjour des fées avec Thế Lữ. Je me suis aventuré dans l'école de l'amour avec Lưu Trọng Lư. J’ai été fou avec Hàn Mặc Tử et Chế Lan Viên. J'ai été enragé avec Xuân Diệu. Mais la grotte des fées était fermée, l'amour n'était pas durable, après la folie j’ai repris mes esprits, la rage est toujours impuissante, je suis idiot et triste et je retourne à mon âme avec Huy Cận. »
Selon moi, pour ce qui concerne Trịnh Công Sơn, il a accepté la solitude. Dans la solitude, il était à l’écoute de la vie, il sentait la magie subtile de la nature. La vision positive du moi solitaire de Trịnh Công Sơn a déterminé sa place et sa vision devant la vie. Trịnh Công Sơn était solitaire mais ne s'est pas réfugié dans sa propre douleur mais il a déployé son cœur dans la vie, accueillant, et acceptant :
Bien que tu sois déjà venue, tu reviens
J'en remercie les gens
Merci la vie, merci à qui
M’a consacré des jours
Pour oublier une existence esseulée
Bien que tu sois déjà venue, tu reviens
J'en remercie les gens
Merci la vie, merci à qui
M’a donné un amour lumineux
Comme une étoile descendue du ciel
(Tạ ơn - Trịnh Công Sơn). Action de grâce
Ban Mai (critique littéraire originaire de Qui Nhơn, où Trịnh Công Sơn a étudié la pédagogie)
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